2021 : avènement des actifs privés et effondrement de l’équilibre économique de long terme ?

Voilà que 2020 touche à sa fin. Une année qui a déterminé (et détermine) des réajustements économiques et financiers structurels. Réajustements desquels devrait découler un affaiblissement extrême de notre modèle économique à très long terme. Ces réajustements auront un impact systématique sur le prix des actifs financiers en 2021. 

Retour sur 2020.

2020 aura été marqué par :

1/D’intenses mouvements sur actions. Le décrochage qui a opéré en février/mars a été un retournement de confiance extrême. Cependant, la crise étant bien supérieure à celle de 2008, les Banques centrales se sont rapidement accordées pour réagir à coups de milliers de milliards, notamment pour la survie budgétaire des États. Nous pouvions ainsi nous attendre à un fort rebond sur actions [voir article prévisionnel de mars]. Ce rebond a été freiné comme prévu avec l’automne avant d’enclencher un rallye de fin d’année avec l’annonce de possibles vaccins.

2/Une hausse des métaux précieux et des cryptos. L’or et l’argent progressent et ont confirmé leur force structurelle qui devrait encore se maintenir d’ici à 2023/2024. De leur côté, les cryptos affichent des performances exceptionnelles (+100% sur le BTC sur un an, etc…) auxquelles nous pouvions nous attendre au regard du stress financier principalement [voir mon article et ma recommandation d’octobre]. 

Cela donne un bon aperçu de ce qui nous attend. Dans mon livre « 2021, Prémices de l’effondrement« , j’écrivais en 2019 : 

« Dans un premier temps, le marché boursier corrige fortement et dans un deuxième temps, une fois que la défiance envers le secteur public est totale, les capitaux se ruent vers les actifs privés et le marché boursier remonte fortement. […] Sur la question de l’intensité de la crise à venir […] Soit le piège pour les Banques centrales sera total, sinon le système arrive plus ou moins à tenir, à maintenir la confiance, à contenir l’effet de surprise, et probablement à gonfler un peu plus la dette. » – Page 312/313 – 

Cela résume à peu près ce que nous avons effectivement vécu et ce que nous pourrions vivre. La transition structurelle actifs privés/publics va bien s’opérer en 2021 (au moins dans les fondamentaux) ; dans le sens où 2020 aura impulsé cette tendance qui devait systématiquement se traduire par une rupture lourde de confiance des agents. Ce qui nous amène bien au postulat de mon livre non pas sur un effondrement économique, mais un effondrement de l’équilibre économique Occidental à partir de 2021

Il suffit de comprendre que le secteur public mettra 15 à 20 ans pour se remettre totalement de cette crise pour comprendre que l’État Providence lui-même entre dans une longue crise ! À cela il faut ajouter l’extrême fragilité démographique, la faiblesse de la croissance potentielle, des rendements, le fort taux de fiscalité, d’endettement et de chômage, etc… Les marchés ne resteront pas inconscients face à ce que l’économie nous réserve !

Anticipations 2021.

[Les anticipations réalisées ici résultent de mes dizaines d’articles et surtout de mon rapport prévisionnel 2021/2022.]

Comme prévu, les obligations commencent à montrer d’assez forts signes de faiblesse en cette fin 2020 (les taux sont au plus haut depuis les interventions de mars). Cela pourrait se poursuivre jusqu’à fin janvier avant une détente jusqu’en mars environ. Période inversement risquée sur les actions. Les actions pourraient rester renforcées psychologiquement jusqu’en cette mi-décembre. Les risques correctifs devraient se multiplier entre mi-décembre et principalement mi-janvier puis mi-février. S’en suivrait une période moins risquée à partir de mars et surtout mai. Le prochain risque majeur à prendre en compte pourrait être l’été 2021 (étude cyclique confirmée par les réajustements économiques structurels à venir). Les taux obligataires pourraient globalement suivre les même tendances fondamentales.

De même, les métaux devraient rester gagnant alors que les cryptos promettent des retournements très intéressants au regard des fondamentaux. Ce qui nous amène directement à la question économique et monétaire…

Les États sortent de cette crise avec des déficits très hautement structurels alors que l’écart taux réel/croissance s’est encore creusé. Cela signifie que nous arrivons – les prochaines années ou la prochaine décennie – sur un point de rupture de l’équilibre actuel. Pour maintenir la stabilité, les Banques centrales devraient encore injecter des milliers de milliards de dollars. En ce faisant, le taux réel s’en trouvera toujours plus affecté, augmentant le risque de blocage fort sur la croissance, et in fine, les difficultés budgétaires. Dans tous les cas, c’est l’impasse monétaire (et budgétaire). Même si les taux restent bas en 2021, il adviendra systématique un effet de risque implicite (hausse du soutien central sans baisse de taux, donc hausse des autres actifs) qui poussera tous les actifs privés dans une très forte tendance fondamentale. Ce que 2021 ouvrira à long terme; ce sera les difficultés budgétaires graduelles, la chute de la croissance potentielle, la hausse des tensions qui en découle et la mise en exergue de la seule valeur à peu près fiable à ce jour : les actifs privés (immobilier, actions, cryptos et matières premières, etc…).

 

Par Thomas Andrieu.

Auteur de « Rapport prévisionnel 2021/2022 » et de « 2021, Prémices de l’effondrement« .