On connaît les traditionnels cycles économiques. Parmi eux, on parle de cycles de Kondratiev pour désigner les cycles longs d’une durée comprise entre 48 ans et 60 ans. Mais s’il existe bien des cycles longs dans la trajectoire économique, et bien que ces derniers soient de nature complexe, il semble qu’il existe des cycles d’une durée encore supérieure. Ces cycles sont encore largement méconnus, et pourtant leur faible variabilité, et leur grande régularité, fournissent toutes les qualités requises pour parler de cycles monétaires.
Vagues monétaires de 100 ans
Dans le tableau ci-dessous, on a résumé l’évolution du bilan de la Banque d’Angleterre depuis 1700. Pour faciliter la lecture des grandes phases d’expansion et de contraction du bilan de la Banque, nous avons utilisé une moyenne mobile sur 27 ans (un demi cycle de Kondratiev). On obtient les observations suivantes :
Cycle | Expansion | Contraction | Durée |
1 | 1701-1732 | 1732-1802 | 101 ans |
2 | 1802-1834 | 1830-1900 | 102 ans |
3 | 1900-1933 (ou 1914-1947) | 1947-1997 | 97 ans |
4 | 1997-20?? | ??? | ?? ans |
Moyenne | 32 ans | 68 ans | 100 ans |
En dépit du fait qu’on limite ici au cas de la Banque d’Angleterre, cette dernière bénéficie du fait d’être une des plus anciennes et des plus influentes. Ainsi, on peut raisonnablement supposer qu’il existe des cycles monétaires qui agissent dans le très long terme. Les causes de ces dynamiques ne sont pas encore claires, mais la précision, la faible variabilité, et la grande régularité de ces vagues nous amènent sur l’hypothèse des cycles.
Bien sûr, nous devons émettre une remarque. Lorsqu’on parle de “politique monétaire expansionniste”, on entend avant tout par là le phénomène par lequel la base monétaire a tendance à s’accroître plus rapidement que la production. Il peut s’agir d’une politique monétaire proprement dite, c’est-à-dire une volonté explicite de faire croître cette base monétaire. Mais il peut aussi s’agir d’une demande de fonds inhérente au système économique (financement des entreprises, des Etats, etc…). Dans ce cas, il s’agit d’une politique liée à l’évolution directe ou indirecte de la production. La politique monétaire au sens actuel, avec des banquiers centraux particulièrement puissants, n’est que très récente dans l’histoire économique.
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Enfin, il se pose la question de savoir quel est le lien avec les cycles économiques de Kondratiev. En effet, ces derniers sont d’une durée moyenne d’environ 54 à 55 ans (entre 50 et 60 ans plus largement). Naturellement, on serait amené à penser qu’un cycle monétaire correspond à deux cycles de Kondratiev. Ainsi, la phase expansionniste du deuxième cycle s’est déroulée sur la moitié haute du cycle de Kondratiev. De même, la phase expansionniste du deuxième cycle s’est également manifestée sur la moitié haute du cycle de Kondratiev, mais légèrement décalée vers la fin du cycle. L’expansion monétaire actuelle serait donc quelque peu avancée par rapport au cycle de Kondratiev, même si la synchronicité semble globalement respectée. Pour Nikolaï Kondratiev cependant, la hausse de la masse monétaire prenait le plus souvent effet sur les bas du cycle long.
Impact sur la bourse
On notera pour finir que ces cycles influencent le comportement des actifs financiers. Notons ainsi que plus de 60 % des pires années (avec une baisse de plus de -10 %) du Dow Jones depuis 1800 ont pris effet durant des phases d’expansion de la politique monétaire. Ces périodes d’expansion ne représentent pourtant que 30 % du temps observé. L’expansion de la base monétaire accroît les écarts entre le production de richesse et le stock de richesse (la valorisation), d’où un nombre croissant de spéculations et une plus grande volatilité. Le reste du détail est dans l’article originel.
THOMAS ANDRIEU