Cet article a été publié initialement sur CoinTribune en date du 23 octobre 2021 : SOURCE.
Dans une précédente publication en avril 2021, nous étions revenus sur les principaux déterminants cycliques du Bitcoin [lire]. Mais nous pouvons désormais chercher bien plus loin. Cet article est une publication exclusive sur le résultat d’études encore jamais diffusées au grand public, sur les déterminants cycliques du Bitcoin. Sans détour, les cryptomonnaies montrent des logiques cycliques puissantes, bien que différentes d’actifs comme les actions ou l’or. Nous concentrerons ici notre approche sur les dynamiques intrinsèques au Bitcoin, ce qui nous permettra de conclure sur son degré de sensibilité au paramètre temporel. Les conclusions les plus stupéfiantes sont soulevées grâce à l’influence de la temporalité sur le cours des cryptomonnaies.
La nature statistique du Bitcoin…
Bitcoin et temporalité.
Dans une publication qui a suscité un certain intérêt, nous étions revenus sur l’évolution de la fréquence et de l’intensité des corrections du Bitcoin en fonction de la période d’investissement [lire]. La conclusion était que le risque de perte sur son investissement en cryptomonnaies est décroissant plus l’investissement est long. Ainsi, à court terme, sur un investissement journalier, la fréquence de perte dépasse allègrement les 60%. La fréquence de perte moyenne n’est plus que de 20% dans un horizon d’un an. L’autre observation était que la volatilité du Bitcoin diminuait au fur et à mesure que les horizons d’investissement étaient plus courts, ce qui veut dire qu’il y a de grande tendances à forte amplitude à long terme, et des tendances de court terme moins amples.
On remarquait que le Bitcoin était dominé par des cycles haussiers puissants à long terme. A court terme, le Bitcoin est dominé par des cycles très fréquents, tandis que la volatilité de ces cycles courts, certes très importante, est moins importante qu’à long terme. La conclusion de cette observation, encore renforcée ici, est que les investisseurs de long terme ont drastiquement plus de chances de gagner que les investisseurs de court terme (mois d’un mois). Le Bitcoin possède ainsi une différence de risque forte entre le court terme et le long terme, ce qui n’est pas le cas de la plupart des autres actifs.
Variations du Bitcoin.
D’un point de vue purement statistique, le recul sur le Bitcoin est relativement faible. Néanmoins, ce recul est suffisant pour établir des observations suffisamment claires. On rappellera que la variation hebdomadaire moyenne du Bitcoin depuis 2016 est de +,1,92% ; c’est-à-dire près de +7,9% par mois ; ce qui est tout à fait remarquable. L’indicateur ci-dessous, réalisé par mes soins, montre la force statistique d’accroissement ou de chute du Bitcoin. Cet indicateur est très utile pour définir statistiquement l’état réel de la tendance à un moment donné.
Un passage sous la ligne 0 (axe de gauche, courbe noire) est plus propice à traduire le signal d’un marché baissier. A l’inverse, le marché est très haussier lorsque l’indicateur se maintient durablement au-dessus de la ligne 0. Ainsi, le Bitcoin n’a connu qu’un seul vrai marché baissier depuis 2016 (2018,5-2019,25). Récemment, le Bitcoin s’est posé sur le ligne hebdomadaire 0 de l’indicateur, ce qui a encouragé un rebond et donc une reprise haussière aussi grande qu’au printemps 2020, ce qui a mené à un nouveau record au-dessus de 65 000$. Néanmoins, il est peu probable que la force statistique de ce nouveau mouvement haussier excède la hausse connue entre le printemps 2020 et le printemps 2021. Ainsi, cela accroît la possibilité d’avoir un nouveau sommet important du marché d’ici 10 à 12 mois.
Cyclicité des marchés : un tour d’horizon…
Dow Jones
Certaines méthodologies d’étude de la cyclicité d’un marché traitent avant tout de l’évolution des variations d’un actif, plus que l’actif lui-même. La méthodologie appliquée ici est parfois utilisée par de très rares algorithmes de Trading Haute Fréquence, ce qui ne permet généralement pas la réalisation d’études plus approfondies. Ainsi, nous cherchons d’abord à mesurer la récurrence de principaux cycles agissant au travers des variations. L’étude linéaire et cyclique des variations est extrêmement utile pour déduire les principales périodicités qui agissent sur un actif donné.
Avant que d’entrer en détail sur la cyclicité du Bitcoin, nous pouvons considérer le cas du marché des actions. Le graphique présenté ci-contre est une démonstration mathématique des principaux cycles agissant sur l’indice Dow Jones, entre 1980 et 2021. Le principal cycle de long terme sur actions apparaît être un cycle de 3,55 ans (déjà théorisé par des économistes comme Ragnar Frisch dès 1933 !). Une application graphique de ce cycle montre en effet une forte correspondance entre les variations du Dow Jones et cette périodicité.
L’étude seule du Dow Jones est déjà très pertinente quand on sait que la corrélation Bitcoin-S&P500 excède 84% à long terme. On représente ci-dessous le principal cycle de 3,55 années que nous avons mis en avant sur les variations du Dow Jones. Logiquement, avec un an de marge, les prochains sommets du cycle seraient 2021-2022, 2024-2025 ; et les prochains bas 2022-2023 et 2026-2027. Ce qui corrobore avec les cycles du Bitcoin que nous pouvons exposer ci-dessous.
Cryptomonnaies
La cyclicité des cryptomonnaies est de nature différente. Deux principales différences s’imposent sur les cryptomonnaies. La première observation est que les cryptomonnaies subissent des cycles largement plus intenses que ce que nous connaissons habituellement sur les marchés classiques. La deuxième observation que nous faisons est que les cryptomonnaies subissent des cycles dont la périodicité est également plus rapide – typiquement des cycles de moyen terme – que la normale. Cet ensemble abouti inévitablement à la formation d’une volatilité élevée du Bitcoin. Une fois ces observations posées, nous pouvons nous concentrer sur la nature mathématique des dynamiques qui déterminent le Bitcoin. Ainsi, il apparaît que le Bitcoin a une cyclicité plus instable que les actions ou l’or, cela signifie que le contraste entre le cycles de court terme et de long terme est fort sur cryptomonnaies, ce qui explique en outre la volatilité. Idéalement, pour avoir un Bitcoin « cycliquement stable », au même titre que l’or ou les actions, il faudrait que les cycles de long terme soient moins intenses et les cycles de court terme moins fréquents.
Le graphique ci-dessus, réalisé à partir de données calculées par mes soins, montre les principaux cycles qui agissent sur le Bitcoin. Dans l’ordre, les 4 principaux cycles qui agissent sur le cours du Bitcoin sont respectivement d’une période de : 4,9 années ; 1,2 ans ; 8,4 mois ; et enfin 2,7 mois. Pour la plupart, ces cycles sont liés de près ou de loin à des cycles remarquables que nous ne développerons pas ici. La courbe ci-dessus illustre parfaitement notre observation selon laquelle quelques rares cycles dominent à long terme, diminuant les risques, tandis qu’une multitude de cycles agissent de manière plus récurrente à court terme. Dans tous les cas, il apparaît que le Bitcoin est bien déterminé par une cyclicité forte, liée de près ou de loin à des cycles monétaires et financiers plus complexes.
Visualiser la cyclicité du Bitcoin : quelles perspectives ?
Pour visualiser nos calculs et les deux principaux cycles (ignorant 99% des cycles restants) qui agissent sur le Bitcoin, j’ai réalisé le graphique ci-contre. On notera la forte corrélation entre l’évolution des variations mensuelles du Bitcoin (courbe noire) et l’évolution des deux principaux cycles (en pointillés, courbe rouge et bleu). Un grand cycle haussier a ainsi été engagé au printemps 2020 et a été stoppé une première fois par le cycle secondaire en mars 2021. De cette manière, il paraît clair que nous sommes toujours insérés cycliquement dans un bull run, comme le confirment les divers indicateurs [lire].
La question qui interpelle le lecteur est de savoir quand seront les prochains sommets et creux de ces deux cycles dont la magnitude est la plus forte. Pour le cycle de 4,9 années, les prochains sommets respectifs seront octobre 2022 suivi de septembre 2029 ; avec un creux intermédiaire en mars 2025. Du côté du cycle secondaire (1,2 ans), le précédent creux (validé) était juillet 2021. Le prochain sommet est mars 2022, suivi de juin 2023, tandis que les ceux de ce cycle secondaire seront octobre 2022 et février 2024. On notera enfin que nous ne prenons en considération moins de 1% des cycles, il s’agit donc d’une extrême simplification.
Donc que pouvons-nous espérer pour la suite ? Le manque de recul statistique sur le Bitcoin ne nous permet pas de tirer encore des conclusions cycliques fortes à long terme. Néanmoins, il semblerait que la phase enclenchée depuis cet été 2021 soit la dernière grande phase d’un grand cycle haussier plus long. Ainsi, il faudra être vigilant au printemps 2022 et surtout à l’automne 2022. Enfin, à tous les égards, la cyclicité du Bitcoin demeure singulière par la différence de fréquence et d’intensité des cycles de court terme et de long terme. Ainsi, selon la position globale dans le cycle, il est important de prendre des positions avec un ratio risk/reward minimal, ce qui veut dire rester globalement investisseur à long terme avec quelques réajustements de moyen terme (achats et ventes sur quelques mois voire quelques semaines).
EN BREF.
Nous avons ici démontrer la récurrence de cycles primaires sur cryptomonnaies, ce qui n’a jamais été avancé à ce jour à ma connaissance. Il apparaît que la cyclicité des cryptomonnaies est très dépendante de quelques cycles de long terme et d’une nombre très important de cycles de court terme. Néanmoins, nous n’avons ici considéré qu’une minorité des cycles observables sur la période 2015-2021. Cette période d’étude est assez courte, ce qui ne permet pas de tirer des conclusions temporelles aussi fiables que sur les actions ou l’or [lire]. Cette étude de la cyclicité montre que des cycles principaux agissent de manière haussière pour 11 mois encore au moins, avec des risques intermédiaires non-négligeables. Cette observation concorde avec nos anticipations économiques et monétaires.